[…] Réminiscences. Souvenirs éclats fragments ressurgissent des pages re/visitées. Je range quelques catalogues et magazines sauvés du passé. Des événements vécus refont aussitôt surface. Arrimés à la mémoire profonde. C’est tout à fait étonnant cette faculté qu’a notre mémoire à se cacher dans les pages conservées. À l’abri du vent et du soleil. Du froid et de la pluie… On croit oublier. Et puis un jour on ouvre un livre un magazine une boîte un tiroir… Et c’est là. Intact. Dans les mouvements de l’air.
au diapason
des couleurs de l’automne
et la route
(au ralenti ?) […]
IL Y A TANT À CHAQUE JOUR
Un journal de bord est d’abord une affaire de respiration. Dans cet exercice, il ne s’agit pas de s’abstraire du tumulte pour faire œuvre d’installation, mais de procéder à des va-et-vient entre le rythme du quotidien et la mise en écriture des instants. Le geste a ceci de précieux pour le lecteur qu’il le conduit à suivre un cheminement fait de notations, de sensations, de pensées qui sont nées dans un calendrier librement traversé. « La poésie est de la vie interprétée », écrivait jadis Joe Bousquet. […]
La vie, chaplinesque parfois, se faufile partout dans les interstices. Le maître mot est celui de synchronicité, chère à Carl Gustav Jung.
On est au cœur de la quête hybride revendiquée par la poétesse comme une seconde nature de vivre. Quelque chose de trépidant, de gourmand, de sensible, avec le désir chevillé à la plume de graver des instants qui l’ont arrêtée, le temps d’une inscription, pour mieux faire corps avec le mouvement du monde. […]
Suivre ce journal de bord est une leçon de vie intense. Avec ses sautes de forme, ses lâchages, ses vaillances, ses jubilations. Au jeudi 17 mars, on lit : « Vous reprendrez bien un peu du poil de la bête ?! »
Emmanuelle Sarrouy n’en a pas fini de nous apprendre à jeter à la mer, à temps et à contretemps, des bateaux-poèmes facétieux et aimants. De nous embarquer, pour notre grand plaisir, dans son Ciel étoilé d’étourneaux entêtés.